Description du livre
Rarement un sujet n'aura été autant le reflet des mentalités d'un peuple, débordant le cadre des seules convictions politiques. En partant du XVIIIe siècle et l’apparition du thème abolitionniste chez les philosophes jusqu’à l’élection de François Mitterrand et la loi Badinter de 1981, l'ouvrage croise à la fois l’histoire intellectuelle, politique et sociale et donne une large place aux débats parlementaires. Voltaire, Hugo et Camus, mais aussi Robespierre, Louis-Philippe, Gambetta, Jaurès, Clemenceau auront tour à tour élevé la voix sur le sujet… A l’époque de Beccaria et de Voltaire, 115 motifs conduisaient à la potence, au billot, à la roue ou au bûcher. En 1766, on coupe le poing et on arrache la langue du chevalier de la Barre avant de le brûler sur le bûcher, un exemplaire du Dictionnaire philosophique de Voltaire cloué sur la poitrine, parce qu’il a refusé de se découvrir devant une procession religieuse ! Sous la Révolution, le nombre de crimes relevant de la peine capitale est réduit à 30.
Avec la Terreur, la guillotine est élevée en système de gouvernement, c'est la régénération de la patrie par le sang versé ! Napoléon, lui-même, ne veut pas se priver de cet attribut de souveraineté. Au XIXe siècle, le livre d’Hugo sur les derniers jours d’un condamné (1829) crée une onde de choc. En vain. Cependant les esprits sont mobilisés et l'idée fait son chemin. En 1848, Lamartine impose l'abolition en matière politique. A la Libération, les partis qui, jusque-là avaient défendu l’abolition (la SFIO et le PCF), épousent la cause de l’épuration la plus large possible. Après-guerre, si la guillotine ne fonctionne plus qu’au ralenti (17 têtes de 1959 à 1981), le pouvoir redoute de s'aliéner l’opinion : la guillotine est devenu un enjeu électoral. Pompidou ou Giscard malgré une pression forte parmi leurs militants refusent à se prononcer. En 1981, avec la loi Badinter, la France devient la dernière démocratie de l’Europe occidentale à abolir la peine de mort.