Description du livre
Vienne, 19 Berggasse, le 4 décembre 1918
« La guerre est finie. Le pays est détruit et ruiné. Notre vieille monarchie est passée de 54 millions de sujets à 7 millions d’habitants. [...] L’Autriche-Hongrie n’existe plus. Toutefois, je n’aimerais pas vivre ailleurs. Il ne saurait donc être question pour moi d’émigrer. [...] En janvier 1917, j’ai commencé d’écrire sur l’état du monde et ce qu’il suscitait en moi. À l’époque, il me semblait clair que la guerre terminée, je n’aurais plus envie de me réfugier dans ce petit enclos protecteur pour y trouver des raisons de survivre. Je me suis trompé. Durant un an, des fils invisibles se sont tissés à mon insu. Ils continuent désormais d’exister sans moi et m’incitent à poursuivre ma tâche. [...] Je dois bien reconnaître par ailleurs une certaine addiction envers cette singulière pratique, comme lorsque j’étais jadis attaché à la cocaïne. Au temps de ma jeunesse, j’y puisais, il est vrai, une grande sérénité et un indéniable réconfort. Il en va de même à présent avec l’écriture de ce Journal. Je vais donc continuer d’observer la vie qui va et la mort qui vient ».