Description du livre
Comme Pincemi et Pincemoi, Tristan et Iseut sont sur un bateau… Ils tombent à l'eau herbée du philtre d'amour; il ne reste donc personne sur l'embarcation. Sauf qu'ici, il s'agit moins de savoir comment que pourquoi Tristan et Iseut sont tombés à la baille. Est-ce par loyauté que Tristan et Iseut luttent contre leur amour ? Est-ce qu'il n'est pas impossible qu'ils aient la tentation de céder à la force des choses qui va contre l'amour ?Si le mythe de Tristan et Iseut n'a ni âge, ni lieu, ni limites romanesques, ni sens univoque détaillé, c'est qu'il décrit une forme apparemment constante de la vie humaine : la lutte contre l'amour de mille et une formes d'usure et de mort. Si le Moyen Âge a bien su dire cela, c'est que ce temps d'ignorances était savant en amour courtois.
La poésie courtoise chante les chevaliers et leurs dames en magnifiant les vertus. Ce n'est qu'accidentellement qu'elle a trait à l'histoire qui n'est pas de ses soucis. Le Roland de la chanson épique est vrai, quand celui de l'histoire n'est que réel et ne saurait être identique à l'idéal. Comme le fond, l'expression est constamment "stylisée" et guindée afin que transparaisse un sérieux qui jouxte le sacré.
À part pour quelques têtes de gondole, de Marie de France et Chrétien de Troyes à Rutebeuf et Charles d'Orléans, et encore, on ne sait généralement rien des auteurs de la littérature courtoise et de la poésie lyrique quand ils n'ont pas seulement souhaité rester anonymes. Pour les dates des oeuvres, les Sorbonnards hésitent entre les IXe et XIII siècles. Comme pour l'Odyssée, que Tristan et Iseut ou le Roman de Renart soient des chefs-d'oeuvre pose un problème : est-ce un coup de maître, ou l'aboutissement d'une lignée de textes à chaque étape perfectionnée ? L'on doit savoir que, par exemple, l'archétype du roman de geste, la Chanson de Roland (vers 1080), a été imprimé pour la première fois en 1837.Autant de Mystères, perçus comme drames liturgiques, que Philippe Pichon, avec le brio stylistique qu'on lui connaît, a décidé de résoudre... ou presque.