Description du livre
Né le 9 avril 1857 dans le quartier des Salines, à proximité de Port-Louis, la capitale mauricienne, décédé au matin du samedi 26 juin 1928 à son domicile de Rose-Hill, Léoville L’Homme a consacré sa vie à l’écriture. Il a en effet été journaliste, rédacteur en chef de plusieurs quotidiens successifs (dont plusieurs fondés avec son père), fondateur et rédacteur en chef d’une revue consacrée à l’histoire de l’île Maurice, poète, chroniqueur, conteur… Le passage du temps ayant provoqué l’érosion de l’aura qu’il a pu avoir en tant que personnalité publique de son vivant, il importe aujourd’hui de rappeler la place que Léoville L’Homme a occupée dans la littérature et la société mauriciennes. Il convient aussi de valoriser son engagement en tant que journaliste dans les années 1880/1900, notamment pour l’élargissement du cens électoral en vue de donner une place méritée au vote « de couleur », car Léoville L’Homme fait partie de cette population métisse qui, tout au long du XIXe siècle et même après, a dû lutter pour s’affirmer et consolider sans cesse sa place dans la société mauricienne. Prise entre les descendants de colons dénommés « blancs » dans le vocabulaire local et une administration britannique installée après la conquête militaire de l’île en 1810, cette population métisse avait vite déchanté après avoir placé ses espoirs dans le libéralisme des conquérants et se trouvait plutôt traitée comme véritable paria, selon certains historiens. Sa détermination à occuper toute sa place dans certains secteurs d’activité de l’île, y compris celui de la production littéraire, s’est nourrie de cette exclusion.
Parler de Léoville L’Homme, c’est aussi pouvoir parler du tout premier mythe littéraire indianocéanique qui aurait pu précéder celui de la Lémurie, le mythe de Cirné auquel, finalement, le poète n’a pu donner corps avec le même engagement qu’il avait montré dans ses esquisses, restées à l’état de brouillon. La publication du manuscrit préparatoire en prose du projet Le Rock de Cirné, avec en regard les six fragments publiés, est un apport susceptible de redonner de l’intérêt à l’oeuvre de Léoville L’Homme en fournissant aux lecteurs et lectrices un matériau à l’état brut.